Le tableau, murmure-t-il, celui où tu es masqué… n’est pas une peinture ordinaire. Il est une énigme, un éclat volé à la mémoire même du monde.

Puis, en traçant de ses doigts un cercle invisible dans l’air :

— Les Roses de Minuit, mon jeune ami, ne sont pas des artistes. Ce sont des jardiniers de l’oubli. Leur pinceau est une aiguille, leur cadre une tombe sans nom. Lorsqu’ils signent une œuvre, ce n’est pas pour qu’on s’en souvienne, mais pour qu’on oublie ce qui fut vrai avant qu’elle existe.

Ton masque sur ce tableau, Ephraim, ce n’est pas un déguisement. C’est une porte close. Et derrière, peut-être… un fragment de ce que tu étais, ou de ce que tu n’as jamais eu le droit d’être.

L’Archiviste se penche, à peine un souffle entre eux :

— Les Roses de Minuit sont des soldats silencieux, alliés de l’Oubli. Ils effleurent les racines du passé pour qu’elles ne repoussent jamais. Ils ne mentent pas, non. Ils effacent. Et parfois, ce qu’ils effacent, c’est un enfant.

Il se redresse, le regard grave.

— Ce tableau te cache, Ephraim. Peut-être pour te protéger. Peut-être pour mieux t’éloigner de toi-même. Mais souviens-toi : l’oubli est une armure fragile. Il suffit d’un rêve, d’un mot… d’un regard, pour que la mémoire revienne frapper.

The Mysterious Frames

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