Auteur : Directeur E.G.Daté du 6 octobre 1797

Si quelqu’un lit ceci, sachez que je n’ai pas fui. J’ai été enfermé. Enterré vivant.

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis ici. Les heures ont fui comme le sang de mes ongles contre la pierre.
Je reconnais ce cercueil. Je l’ai moi-même fait sculpter pour la scène de Roméo. Ironique, n’est-ce pas ?

Isaac Sunderlin… Il m’a trahi.
Mon adjoint. Mon ami.
Il prétendait vouloir sublimer l’art. Il ne cherchait que le pouvoir.
Il a pactisé avec l’homme aux gants noirs. Il a laissé le Dr Fex installer ses machines dans les fondations du théâtre. J’ai tenté de l’arrêter. Alors il m’a fait enfermer ici, sous les applaudissements imaginaires d’un public invisible.

Quelque chose dans l’air… une brume bleutée, douce et âcre à la fois. Elle me pénètre. Me ronge.
Mes pensées se dispersent, comme des feuilles mortes dans les galeries.
Parfois, j’oublie mon nom. Parfois, j’entends des voix qui ne sont pas les miennes.
Je crois qu’elles m’appellent à devenir autre chose.

Mon corps me trahit. Mes ongles tombent. Mes veines noircissent. Et pourtant, je suis encore là.
Je me souviens du Théâtre, de la lumière, des rires, des premières…
Si quelqu’un me trouve, je vous en conjure : brisez le sceau rouge. Que la vérité ressurgisse des planches.

Et si je ne suis plus moi-même lorsque vous me trouverez…
Faites vite.

Le masque tombe, mais le monstre demeure.

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