Ce message est le seul et unique avertissement que vous recevrez. Les actes commis dans les sous-sols du Théâtre du Papillon Noir, en collaboration avec le Dr. Fex, ont franchi la limite de l’inacceptable. Les Roses de Minuit observent.
Vous jouez avec des forces qui ne devraient jamais être éveillées. Les cris ne s’effacent pas simplement avec des rideaux, et l’odeur du sang ne se mêle pas au parfum des coulisses.
Cessez ces atrocités. Détruisez vos jouets. Refermez les passages.
Si l’un de nos membres est contraint de poser un pied au sein de votre établissement, il ne restera rien. Ni de vos archives. Ni de vos murs. Ni de vos cendres.
— Andrew Devis Second des Roses de Minuit 6e D’octobre 1789
Ils se relèvent. Je les ai vus. Le regard vide, puis la convulsion, et ensuite… l’impossible.
Certains morts ne le restent pas. Et ce ne sont plus les nôtres quand ils se relèvent. Je croyais que l’argent suffisait, ou une lame bénie… mais non.
Il faut les brûler.
Tant que leur chair subsiste, ils trouvent le moyen de muter. De devenir autre chose. Plus forts. Plus sauvages. Parfois, même leur tête pulvérisée ne suffit pas.
Le mal qui les habite… je ne le comprends pas. Mais je sais ceci : le feu du Seigneur les purifie.
Je garde toujours de l’huile et des allumettes à portée. Et je prie. Je prie qu’ils ne cognent pas encore à la trappe, là-dessous.
« J’ai façonné ce bras comme on sculpte un adieu. Chaque phalange, chaque articulation de bois dissimule un souvenir que mon propre squelette refusait d’oublier. C’est de mes os que naquit ce membre factice, un jumeau inerte que j’ai suspendu au mur, cloué à la place de mon vivant passé.
L’homme que j’étais n’est plus. Le théâtre ne souffre pas les demi-mesures.
Si un jour quelqu’un restitue à ce corps son bras véritable — celui-ci, préservé dans les ombres du théâtre — alors je lui offrirai ce que je ne pouvais accorder aux vivants : mon sang.
Une goutte suffira à calmer la Bête qui pleure dans le grenier. Elle saura reconnaître la forme de ce sacrifice. »
Les racines ont finalement pris vie dans la serre. Elles pulsent, s’étendent, et certaines réagissent aux vibrations. Je crois que le Chant les a éveillées. Elles ne sont plus passives.
Le composé Herbicide A-3 devrait fonctionner comme prévu. Toutefois, j’ai observé un comportement inhabituel : il ne fait effet que si l’irrigation est déclenchée par la valve du côté rouge, et non celle du côté bleu.
Ne pas répéter mon erreur — j’ai perdu un arrosoir et un bras du vieux mannequin en tentant le mauvais côté.
Le soir encore pèse. Elle refuse. Elle s’assoit devant ce miroir — et elle attend. Même lorsque la scène l’appelle, même lorsque la salle bruisse d’impatience. Elle prétend qu’il y a des soirs où son reflet la précède, d’autres où il l’accuse.
Je l’ai trouvée là, immobile, les mains pleines de maquillage sec, la robe encore ouverte sur l’épaule. Elle murmurait des phrases en latin — ou peut-être était-ce du théâtre. On ne sait jamais, avec elle.
Elle m’a demandé de ne pas la regarder. Elle m’a dit : “Ce n’est pas moi, ce soir.”
Ce n’est pas la première fois.
La pleine lune semble la soumettre à quelque chose d’oublié. Peut-être un serment ancien.
Je ne poserai plus de questions. Mais j’ai peur.
Si elle se perd dans cette pièce encore une fois… je crois que je ne pourrai plus l’en faire sortir.
« La commutation principale de la Salle des Silhouettes Figées reste défectueuse depuis l’incident du 7 novembre. Le levier de régulation refuse de rester en position, même une fois enclenché. Il est donc impératif d’agir en binôme pour toute tentative de permutation documentaire.
Comme noté précédemment, un second point de commande existe dans l’aile Ouest, près des anciens entrepôts de décors. Cette unité secondaire semble toujours répondre aux signaux de transfert, bien qu’elle soit capricieuse par temps humide.
Je rappelle que sans activation simultanée des deux commutateurs, les silhouettes ne peuvent être réécrites, ni replacées dans leur posture d’origine. L’échec d’une synchronisation peut entraîner une divergence mémorielle ou une rémanence non souhaitée.
En attendant remplacement de la première station, éviter toute opération en solitaire. Nous n’avons pas besoin d’un autre incident comme celui de la répétition d’octobre. »
J’ai fait comme demandé. Les racines rouges ont été coupées tôt ce matin. Elles pulsaient encore quand je les ai mises dans le coffre. Trois grosses, et plusieurs petites. J’ai suivi les consignes. Le coffre est derrière le rideau bleu, en bas, là où l’ancien piano ne joue plus.
Je n’aime pas ce qu’elles font à l’air. On dirait qu’elles cherchent encore quelque chose.
Si Esmeralda recommence… Si elle devient ce que je crois… On les utilisera. Mais je refuse de le faire moi-même.
On ne devrait pas garder des choses comme ça ici. Pas après ce qui s’est passé avec les cadres, et les voix dans le mur.
“Il me faudra un jour me résoudre à ôter ces antiques pichets du bureau. Ils n’évoquent plus rien d’autre que le goût du silence — et ce n’est plus de saison. Je préférerais quelques coupes discrètes, moins bavardes, peut-être en cristal pâle.
Le mur attend encore son dernier portrait. La toile tarde, mais je n’en veux pas ailleurs : elle devra être accrochée à gauche, malgré le poids visuel que ce flanc supporte déjà.
Quant à mes fauteuils, je ne supporte plus l’idée de m’y enfoncer. Ils sont rigides, grinçants, comme quatre juges qui me regardent sans cligner des yeux. Il est temps de les changer.
Et qu’on me comprenne bien une dernière fois : je ne veux aucune de ces maudites plantes ici. Rien de vivant qui écoute sans parler.”
Lieu de vie : Toujours En Déplacement Âge : 28 ans : Race : Humain Emploi ou Occupation : Contremaître de chantier naval et recruteur occulte
« Ce que l’oreille capte, l’âme ne l’oublie jamais. »
Harvin Cusk est né sur les planches humides d’un navire marchand battant pavillon usé, quelque part entre l’estuaire de la Tamise et les confins brumeux du golfe de Gascogne. Sa mère mourut en couche, son père l’abandonna au capitaine, et le garçon grandit au rythme des clous plantés dans le bois mort et des ordres criés dans la langue rugueuse des marins.
Doté d’une sensibilité auditive hors norme, Harvin développe dès l’enfance une aptitude à distinguer les sons ténus : le clapotement d’une fuite dans une cale, la trahison d’un pas furtif, ou le léger grincement d’une cloison dissimulant une cache. Cette acuité sensorielle devient son outil de survie – et plus tard, son instrument de pouvoir, mais aussi sont point faibles !
À vingt-cinq ans, il accède au rang de contremaître sur les docks du chantier naval d’Eelpie. Mais c’est trois années plus tard qu’il scelle véritablement sa réputation : repérant une orpheline d’ascendance elfique, il l’acquiert sans scrupule et l’asservit à un rôle singulier. Sous le titre d’« écoutante », il la contraint à coller l’oreille contre les flancs des coques, à l’affût de murmures que nul ne devrait percevoir — chuchotements de trafics clandestins, voix proscrites… et, à l’occasion, des échos venus d’ailleurs.
Harvin Cusk vit aujourd’hui à bord d’un navire sans pavillon fixe, naviguant entre chantiers, ports et transactions louches. Il parle peu, observe beaucoup, et garde pour lui ce que ses oreilles ont volé au silence.
📍Lieu de vie : Chantier naval d’Eelpie (Londre) Âge : 99 ans Origine : Thema-Aethal -Elfe Aurélienne Occupation : Exploitée comme « écoutante » dans les cales
« J’entends les navires pleurer, même quand personne d’autre n’écoute. »
Née d’une liaison oubliée entre un marin elfe de passage et une couturière humaine du port de Deptford, Sennia Blackridge n’a jamais connu le confort d’un foyer. Enfant des embruns et des grincements de bois mouillé, elle a grandi entre les clous rouillés et les insultes, rejetée à la fois par les hommes et les elfes. Très tôt, sa ouïe s’est révélée… anormale : elle perçoit les vibrations des coques, les échos des voix mortes dans la brume, et les soupirs des navires abandonnés.
Vers ses sept ans, elle est remarquée par Harvin Cusk, contremaître du chantier naval d’Eelpie, qui se dit fasciné par les « oreilles des sang-mêlés ». Sous des airs bienveillants, il l’arrache à la rue pour l’installer dans les cales d’un navire désaffecté, où elle est exploitée comme écoutante : son rôle est d’entendre ce que personne d’autre ne peut entendre. Chaque soir, on lui fait écouter les coques, parfois pour déceler des contrebandes, parfois pour intercepter des murmures… parfois pour bien pire.
Isolée, mal nourrie, privée de soleil, Sennia résiste pourtant, protégée par une lueur intérieure difficile à nommer. Elle se met à fredonner les chants qu’elle entend dans les bois des navires. Certains y perçoivent des messages oubliés, des noms anciens, ou des fragments de souvenirs qu’on croyait effacés par les brumes. Ce don la rend précieuse… et dangereuse.
Si elle est sauvée, Sennia pourrait devenir un lien vivant vers la mémoire occultée des docks, voire un vecteur involontaire des échos oubliés de la Rose de Minuit. Mais il reste à savoir si sa voix est vraiment la sienne… ou si quelque chose, dans les ténèbres liquides, parle à travers elle.
Statistiques sociales
Charisme brut : 8
Persuasion : 15
Dissimulation sociale : 7
Intuition sociale : 10
Influence de l’ombre : 21
Empathie brute : 33
Compétence unique :Chant des Coques Silencieuses
Une fois par session, Sennia peut réciter un fragment mémoriel inscrit dans le bois d’un lieu ou d’un objet ancien. Cela révèle une scène oubliée, une conversation secrète ou un nom effacé des archives – utile dans toute enquête liée à l’occulte ou aux grandes disparitions.