Message Du Miroir

« Mira… mon éclat d’étoile. Si ce message t’atteint un jour, c’est que je n’ai pas su t’accompagner aussi loin que je l’aurais voulu. Alors écoute-moi, écoute bien…

Il est parmi nous quelqu’un qui boit le sérum Delvus. C’est une substance ancienne, instable, et cruelle dans ses promesses. Elle prétend révéler la lumière ou l’ombre dans le cœur de chacun — mais elle ne fait que briser ce qu’elle touche. Même les plus doux peuvent y devenir des prédateurs. Et les âmes en souffrance… s’y consument.

Tu dois te méfier de lui, de celui qui a choisi ce poison. Il n’est peut-être pas encore perdu, mais il marche sur la corde du précipice. Ce n’est pas toi qui dois le sauver, Mira. Ce n’est pas à toi de payer pour les choix des autres.

Tu es née avec la musique du monde au creux de ta gorge, et les anciens secrets dans la moelle de tes os. Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi que certains sourires mentent. Et que le Delvus ne pardonne jamais.

Je t’aime. Au-delà du sang, au-delà du silence. Cherche ton chemin, pas celui qu’on t’impose.
— Maman »

Expérience E-33

Il n’était pas le premier. Mais il fut le seul à chanter.

E-33. Je l’ai désigné ainsi pour ne pas m’y attacher. Mais le chiffre m’échappe encore. Ce n’est pas un numéro, c’est un battement. Une dissonance précieuse. Ephraim. Voilà son vrai nom, et c’est à cela que répond la chair.

À six ans, il résistait déjà aux sédatifs par simple refus de céder. Les autres se brisaient. Lui, il vibrait. Littéralement. Ses cornes, j’ai d’abord cru qu’elles servaient à canaliser l’énergie—mais non. Ce sont des diapasons. Des récepteurs. Des armes, si l’on sait écouter les cris du sang.

J’ai injecté le sérum Delvus sur 17 points nerveux, cherchant à séparer le Bien du Mal dans son souffle. Résultat ? Rien n’est sorti. Rien… sauf la Vérité. Ce n’est ni ange, ni bête : c’est un pont. Une vibration entre l’avant et l’après, entre ce que l’humain croit être et ce qu’il peut devenir.

Il m’a fissuré. Je l’entendais dans les murs. Les murs chantaient. La fréquence qu’il dégageait n’était pas de ce monde : j’ai dû faire taire trois assistants. Ils devenaient… poreux.

E-33 ne dort plus. Il médite sans le savoir. Il réécrit le silence. Ses ondes fracturent la matière. Il m’a regardé, un jour, sans parler. J’ai compris ce que je n’osais pas formuler :
Il n’est pas mon sujet.
Il est mon successeur.

Et si jamais il se libère…
Alors ce ne sera pas un cri.
Ce sera un chant funèbre, parfait.
Et nous l’écouterons tous, jusqu’au dernier nerf pétreux.

L’âme Damnée

Elira. Elle porte son visage. Pas exactement, non, mais suffisamment pour réveiller ce qui sommeille sous la peau brûlée du monstre. Elle a ses yeux, ceux qu’elle avait lorsqu’elle tremblait de peur. Cette fragilité nue, exposée, parfaite. C’est pour cela qu’il la veut.

Les autres croient encore qu’il s’appelle Arthur. Mais Arthur n’est plus là. Il n’est qu’une coquille, un nom vide. Celui qui parle maintenant, c’est Belphégor. Le parasite dans la chair. La voix qui rampe entre les os brisés. Il ne partage pas ce corps — il l’habite. Il le dévore.

Il pourchasse les orphelins parce qu’ils sont des erreurs. Des graines inutiles, semées dans un monde qui n’a plus de sens. On leur donne des cornes, des noms, des rêves… mais lui voit au-delà. Il voit leur essence. Et il les détruira tous.

Elira, pourtant, est unique. Elle ressemble à celle qu’il a perdue : sa fille, ou du moins ce qu’il en restait, dévorée par les flammes d’expériences inhumaines. Les bourreaux ont ri, pensant leurs actes nécessaires. Belphégor, lui, n’a rien oublié.

Il ne veut pas simplement la posséder. Il veut renaître à travers elle. Refaire ce qui lui a été arraché. Offrir un corps parfait, pas par amour, mais par nécessité. Par vengeance. Par finitude.

Car il est Belphégor. Il est ce qu’Arthur est devenu, et ce qu’il ne sera plus jamais. Il est la colère, la rage, la fin. Il est le fléau venu effacer la création dévoyée des hommes.

Et Londres… n’aura plus jamais d’enfants.

Igor Note Vocal

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