Note Sur Amanda

Ce n’était pas une nuit ordinaire. Je venais de la surprendre, Cette poison qui volait des preuves…

Élira. Silencieuse comme l’ombre d’un regret. Je l’avais trouvée dans l’aile arrière de l’atelier, là où personne ne va sauf moi, et les souvenirs. Elle effleurait les souliers de Mira.
Je m’apprêtais à parler. À lui dire qu’elle n’avait pas le droit. À l’effrayer, peut-être.
Mais alors…
La fenêtre s’est ouverte. Et Amanda est entrée.

Pieds nus. Robe en lambeaux. Un œil qui pleure et l’autre qui rit.
Et cette voix… Dieu que ça parlait. Trop. Trop vite. Trop fort.

« Tu vois ce que tu fais ? Tu vois ce que tu fais avec leurs pieds ? Ils crient, Arthur, ils crient ! Même les semelles ont des nerfs ! »
« Elle, là — elle n’a pas choisi d’être belle ! Tu crois que tu l’as inventée ? Tu crois que les cornes poussent pour toi ?! »
« On va tout laver, tout laver, tout laver… »

J’ai voulu l’arrêter. Juste lui dire de sortir.
Mais elle s’est mise à courir. Vers moi. Elle riait, et elle pleurait en hurlant.
J’ai levé la main.
Et elle… m’a brisé.

Il n’y a pas d’autre mot.
Ma nuque a craqué. Mon souffle est tombé. Tout est devenu noir, puis gris, puis tiède.
Et je me suis relevé. Non pas vivant, mais vidé. Avec ce trou, ce canal noir, juste sous l’oreille.
Mes parasites ont commencé à respirer par là.


Depuis… je ne sais plus si Amanda était réelle.
Peut-être une mère. Peut-être un fantôme. Peut-être Élira, en plus vieille, en plus folle, en libérée.

Ce que je sais, c’est qu’elle ne l’a pas touchée.
Elle m’a brisé, moi.
Et elle l’a laissée. Élira. Intacte. Comme un secret qu’on protège.


Je rêve d’Amanda.

« Tu vas encore les lacer, hein ? Encore un tour, encore une boucle. On n’échappe pas aux lacets, Arthurs. Sauf si on coupe les pieds. »

…Mais je pense à Élira.
Elle n’a pas crié.
Elle n’a même pas cligné des yeux.
Elle savait.

Et maintenant je la sens.
Elle est là, toujours là, entre les semelles et les ombres.
Je l’aime. Je la hais. Je la veux.

Liste manuscrite – Dates d’entrée + annotations marginales

(les noms barrés sont tracés avec une plume à encre grise, certaines lettres sont raturées ou effacées)

NomAnnée d’entréeStatutNote marginale
Tilda Morvant1763Rayée“Avait des doutes. Partie au 3e chant.”
Elene Cobb1766Rayée“A brûlé ses propres bottes.”
Magritte Vale1771Rayée“Semelle scellée. Restes envoyés au Bain.”
Norella Fythe1774Rayée“A crié le nom d’un démon.”
Brina Stoll1777Rayée“N’a jamais ri. Douteuse.”
Marylin Pyrot1799Rayée“Trop curieuse. Corps jamais retrouvé.”
Elira Duskhelm1799(non rayée)“Parfaite mesure. Marche en rêve.”

Correspondance d’Arthurs

Atelier de la Semelle Noire – Mournvale


Note manuscrite sur la page de garde (encre rouge sombre, presque sèche) :

« La noblesse ne marche pas. Elle imprime. Ce que l’on suit, c’est la trace du pouvoir. »
A.M


Liste de clients notables (extrait du Registre noir, codé)

  • Famille Kellthorn
    Commande ancestrale. Chaque génération passe l’empreinte à la suivante.
    Détail marquant :
    • Bottines de cérémonie aux talons creux pour accueillir une larme de l’enfant au sevrage.
    • Codification par prénom : Mira (F⁴) inscrite en clair sur la dernière semelle.
    Annotation en marge :
    “Elle est la clef. Son pas murmure la vérité que ses cornes cachent.”
  • Comte Darsewell
    Chaussures compensées à talon de plomb, pour masquer son boitement spectral. Intérieur gravé de prières inversées. Commande urgente avant le Bal de la Ténèbre.
  • Orphelinat de Cragstone (via tiers)
    *Livraison de chaussures à vis de contention. Marquage : « Lot 7 – enfants dociles ».
    Client masqué, signes d’appartenance à une congrégation.

Dossier personnel : Mira Kellthorn

(Dossier scellé – bris interdit sauf par le sang de l’auteur)

  • Statut : Héritière mineure de la lignée Kellthorn – Ramharr dissimulée.
  • Obsession déclarée : Empreinte mystique de la marche.
  • Études secrètes :
    • Relevés de ses pas sur différents sols (cendres, céramique, os de moine).
    • Analyse de fréquence sonore lors de ses déplacements (mention de “résonapathie”).
    • Plan interdit : création de chaussures à harmonique inversée pouvant altérer sa musique intérieure.
    Annotation griffonnée :
    “Si je peux la faire danser, je saurai ce qu’ils ont caché dans ses cornes.”

Croquis et schémas retrouvés dans la doublure du dossier

  1. Empreinte de Mira, reproduite à la main (symbole caché visible sous lumière lunaire)
  2. Plan de chaussures cérémonielles
    • Semelles évidées – insertion de gemmes d’écoute.
    • Contours runiques pour captation de chant d’âme.
    • Emplacement précis des points de pression liés à l’émotion

L’Homme aux Plumes Noires

📍 Lieu de vie : Londres (quartier de Whitechapel)
🎂 Âge : Inconnu
🩸 Race : Arcange
💼 Occupation : Apothicaire sous le nom de Rivers Jones

« Ceux qui rêvent sous mon aile ne tombent jamais vraiment. »

Nul ne connaît son véritable nom. Certains l’appellent L’Homme aux Plumes Noires, d’autres simplement l’Oiseau, en référence aux fragments d’ailes noires qu’il porte parfois dissimulés sous ses longs manteaux. Lui-même, depuis son éveil dans une ruelle souillée de Whitechapel, ne sait plus qui il était.

Ce réveil, il y a de cela quelques années, fut une chute — littéralement. Tombé du ciel ou d’un autre plan, son corps avait été brisé, sa mémoire effacée. Tout ce qu’il lui restait, c’était une douleur sourde entre les omoplates… et une certitude inexplicable : il devait protéger les Orphelins.

Depuis, il vit caché dans une vieille apothicaire reprise à un mort sans héritier, usurpant prudemment l’identité d’un hypothétique fils, sous le nom de Rivers Jones. Sa boutique, modeste en apparence, est en vérité un sanctuaire pour les blessés oubliés, les enfants perdus, les créatures traquées. Il soigne sans poser de questions, échange des remèdes contre des secrets, et distribue parfois de petites plumes noires à ceux qu’il sent menacés.

Une rumeur persistante hante les ruelles de Londres : un enfant porteur d’une de ses plumes ne mourra pas. Nul ne sait si cela est vrai, mais dans les cercles souterrains, certains seraient prêts à tuer pour en obtenir une.

Il reste discret, distant, mais profondément bienveillant. Pourtant, une ombre plane en silence au-dessus de lui. Car même les Arcanges ont un passé… et quelque chose, ou quelqu’un, semble désormais chercher à le réveiller.

  • Statistiques sociales :
  • Charisme brut : 12
  • Persuasion : 10
  • Dissimulation sociale : 20
  • Intuition sociale : 26
  • Influence de l’ombre : 24
  • Empathie brute : 28
Compétence unique : Main de Plume

Une fois par session, L’Homme aux Plumes Noires peut retirer gratuitement tous les malus temporaires (fatigue, terreur, poison, brûlure, etc.)

Une fois par mois, il peut retirer la Malédiction de la Fin à un enfant Ramharr.

Arthurs Mournvale

Lieu de vie : Londres
Âge : 41 ans
Race : Incube (étais humain) Contaminer par le Parasite de Belphegor
Occupation : Propriétaire de Mournvale – Atelier de la Semelle Noire

« Le cuir épouse la chair. Et parfois, il la dévore. »

Arthurs Mournvale est une figure incontournable des salons de la haute société londonienne. Aristocrate raffiné, collectionneur d’art et maître bottier, il dirige d’une main gantée l’atelier Mournvale – Atelier de la Semelle Noire, un établissement de luxe réputé pour ses souliers taillés à même les désirs de ses clientes… au sens propre comme au figuré.

Sous son élégance millimétrée et ses manières impeccables, Arthurs cache une vérité bien plus sombre : il est un incube, un démon dont la beauté glaciale n’est que le masque d’un prédateur. Pendant des années, il a siphonné l’essence vitale de femmes — jeunes ou âgées, nobles ou servantes — dissimulant ses forfaits sous le couvert de charmes occultes et de nuits oubliées.

Mais cette mascarade a pris fin brutalement, le soir où Amanda, figure mystérieuse d’un échoe de bonheur perdu, l’a attaqué. D’un coup net, elle a brisé sa nuque. Arthurs a survécu — ou plutôt, il s’est relevé. Depuis, son corps présente une fêlure au niveau du cou, un trou suintant par lequel ses parasites internes peuvent parfois être aperçus. Une corruption lente et douloureuse, qu’il dissimule derrière un col haut et des parfums trop capiteux.

Cet accident fut une révélation pour certains : les Orphelins ont compris la véritable nature de Mournvale. Mais pour lui, c’est Elira, l’une d’entre eux, qui cristallise désormais sa rage. Il la croit responsable de sa disgrâce, persuadé qu’Amanda l’a épargnée par choix. Depuis, Arthurs nourrit une obsession malsaine et charnelle pour la jeune Ramharr — un mélange vénéneux de vengeance et de désir qui pourrait bien le pousser à commettre l’irréparable.

  • Statistiques sociales :
  • Charisme brut : 42
  • Persuasion : 14
  • Dissimulation sociale : 31
  • Intuition sociale : 9
  • Influence de l’ombre : 25
  • Empathie brute : 7
Compétence unique : Marcheur de Peaux

Arthurs peut, une fois par scène, « enfiler » l’apparence physique et l’aura sociale d’une personne dont il possède un fragment corporel (cheveu, ongle, lambeau de cuir porté, etc.). Ce déguisement démoniaque est parfait pendant une heure… mais laisse à sa victime une sensation de vide, voire un cauchemar prolongé.

Tragédie en cendres : l’orphelinat Saint-Ambroise dévoré par les flammes

« Il ne restait que les cris, et puis, plus rien. Juste le craquement du bois qui meurt. » — témoin anonyme

Londres, nuit du 7 Novembre — Une odeur âcre persiste dans l’air du quartier de Grey Hollow, là où s’élevait encore hier soir l’orphelinat Saint-Ambroise, aujourd’hui réduit à un amoncellement noirci de poutres et de briques. L’incendie, déclaré peu avant minuit, a consumé le bâtiment en moins d’une heure. Selon les premières estimations transmises par les autorités, 33 enfants et 12 adultes ont péri dans les flammes.

Seuls quelques survivants, une poignée d’enfants rescapés, ont pu être extraits à temps par les premières patrouilles. Ces derniers ont immédiatement été pris en charge par l’Orphelinat des Miroirs, situé à Whitechapel. Là, les jeunes âmes ébranlées ont été réparties dans divers établissements des quatre coins de la ville, selon un protocole jugé « strictement sécurisé » par les responsables de la Cour des Œuvres sociales.

La piste criminelle envisagée

L’origine du sinistre reste inconnue, mais les agents de la Garde Civile évoquent déjà la possibilité d’un incendie volontaire. Aucune fuite de gaz, ni activité de cuisine tardive n’ont été signalées, et plusieurs témoins rapportent avoir vu une silhouette encapuchonnée rôder autour de la cour arrière, peu avant l’embrasement.

L’inspecteur Forney, dépêché sur place au petit matin, a brièvement commenté : « Il ne s’agit pas d’un simple accident. L’intervention humaine est hautement probable. » Une enquête officielle a été ouverte dans la foulée. Les lieux demeurent strictement interdits au public, cernés par des cordons de sécurité, tandis que les premières fouilles commencent sous la supervision des autorités.

Deuil et murmures

La tragédie frappe un établissement déjà réputé pour sa vétusté et son surpeuplement. Le bâtiment, construit en 1728, n’avait pas fait l’objet de rénovations majeures depuis plus d’une décennie. Des voix s’élèvent, dénonçant une négligence institutionnelle qui aurait pu coûter bien plus cher encore.

Tandis que la ville panse ses plaies, une question persiste, lancinante : qui aurait pu vouloir faire disparaître les enfants de Saint-Ambroise ? Car, dans les rues de Londres, certains murmurent déjà que l’incendie n’a pas seulement pris les corps… mais des vérités qu’on préférait taire.

À suivre… : Xander Dhale