Pour apaiser la terreur sourde d’Ephraim une peur née non d’un ennemi visible, mais de l’enchaînement brutal des pertes Iveros décida de créer un artefact capable de conjurer, sinon la mort elle-même, du moins la solitude qu’elle laisse derrière elle. Il façonna ainsi un chapeau singulier, qu’il nomma Sombrâme, dans un mélange de tissu spectral, de corne vibrante et de fils d’onyx. À l’intérieur, il logea une créature semi-consciente appelée Kabbith, un esprit-lien recueilli dans les Brumes intérieures : petite entité nocturne, silencieuse, semblable à une chauve-souris d’ombre lovée dans les doublures du chapeau. Kabbith possède un don unique : elle perçoit les frémissements de l’âme à l’instant où celle-ci s’apprête à se détacher du corps. En un éclair, elle peut tendre un filament éthérique pour la retenir, suspendre l’instant de bascule et offrir ainsi une chance à la vie de revenir. Iveros, encore adolescent mais d’une intelligence fine, commença par tester Sombrâme sur lui-même. Il observa des effets secondaires positifs : une plus grande résistance au froid spectral, un apaisement des pensées sombres, et une étrange sensation d’être « accompagné » en permanence. Constatant cela, son père lui proposa de produire plusieurs exemplaires, afin d’offrir cet espoir à d’autres enfants ou compagnons menacés. Mais bientôt, une limite devint claire : quand une mort est écrite inscrite profondément dans la trame du destin Kabbith ne réagit pas. Elle demeure inerte, comme si une force plus ancienne que la magie avait déjà prononcé le dernier mot. Sombrâme ne défie donc pas la mort : il veille, il protège, mais ne sauve que ceux que le destin n’a pas encore totalement réclamés.