Clinicienne responsable : Gloria Álvarez
Date : [Confidentiel]
Établissement : Institut de Moltenrivers – aile Est, salle d’observation C7

Observation générale :
Le sujet est un adolescent de type caucasien (âge estimé : entre 14 et 17 ans), maigre, posture semi-détendue mais instable, regard fuyant. Il alterne entre des réponses lapidaires et des affirmations cryptiques. Aucune agressivité physique détectée lors de la séance, mais un refus net de fixer les objets familiers (lampe, table, carnet). Note : pupilles dilatées malgré l’absence de lumière forte. Une légère odeur de suie persistait sur ses vêtements.


Profil psychique provisoire :
Le patient exprime une fixation obsessionnelle autour du thème du feu, de la mort et d’un royaume imaginaire (ou symbolique) nommé “Royaume des Cendres”. Il ne semble pas comprendre ce concept comme une métaphore, mais comme une localisation réelle à atteindre, via des moyens non définis (cheminée, souterrain, transformation physique).

Il est important de noter que l’entrée dans ce « royaume » est associée non pas à la mort, mais à une forme de transformation minérale (“statue de pierre”), ce qui dénote une rupture perceptive entre le corps et la conscience. Cette dissociation avancée pourrait s’apparenter à une forme rare de syndrome de Cotard inversé, où l’individu ne se croit pas mort, mais figé dans une attente post-mortem.

Le langage codé utilisé dans sa troisième réponse (phrases en une langue non identifiée) pourrait relever :

  • soit d’un système de pensée délirant structuré (type schizophrénie de type paranoïde ou mystique),
  • soit d’une influence externe (autre patient, texte culte, hallucination auditive scriptée). Il affirme que Mira connaît la traduction, ce qui suppose un partage de contenu délirant : possible folie à deux.

Analyse par item :

  • Q1 & Q2 : Suggestion d’une quête initiatique liée à une culpabilité obscure (« enlever les plumes » pourrait indiquer une volonté de purifier ou d’extirper une souillure).
  • Q3 : Le “parchemin tombé” montre une altération du principe de réalité : objets perçus comme porteurs d’intention.
  • Q4 : Le rejet du soleil comme image du feu renvoie à une dissociation symbolique de la chaleur nourricière : pour lui, le feu n’éclaire pas, il consume.
  • Q5 : Absence de rêve autoproclamée ; mais il verbalise un désir d’annihilation passive.
  • Q6–Q7 : Le patient déplace les accusations (“je n’ai rien fait”), mais reste dans le thème du sacré géométrique (spirales, étoiles) et de la mort empêchée.
  • Q8 : Confusion entre les lieux (conduit/égouts), mais constante présence de passages, liquides, enfouissements.
  • Q9 : Mentions d’autres “princes”, émergence d’un univers hiérarchisé non partagé par l’observatrice. Possiblement auto-référentiel ou issu d’un mythe collectif.
  • Q10 : Présence répétée d’Iveros dans son discours : soit un alter ego, soit une personnalité tierce parasitaire. À évaluer.

Diagnostic préliminaire (non communiqué au patient) :

  • Trouble dissociatif de l’identité (à confirmer)
  • Dépersonnalisation chronique avec mythification du réel
  • Risques : isolement, fugue symbolique, passages à l’acte dans un contexte de quête fictive

Note finale de Gloria Álvarez :

« Ce garçon est en train de construire une religion. Il se place au seuil d’un monde qu’il a conçu comme réceptacle de sa propre douleur. Les symboles le guident parce qu’ils sont les seuls à ne pas le trahir. Il ne rêve pas : il prépare. Il ne délire pas : il forge un royaume à son image. Le feu ne le consume pas parce qu’il l’a déjà consommé. »

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