« J’ai façonné ce bras comme on sculpte un adieu. Chaque phalange, chaque articulation de bois dissimule un souvenir que mon propre squelette refusait d’oublier. C’est de mes os que naquit ce membre factice, un jumeau inerte que j’ai suspendu au mur, cloué à la place de mon vivant passé.
L’homme que j’étais n’est plus. Le théâtre ne souffre pas les demi-mesures.
Si un jour quelqu’un restitue à ce corps son bras véritable — celui-ci, préservé dans les ombres du théâtre — alors je lui offrirai ce que je ne pouvais accorder aux vivants : mon sang.
Une goutte suffira à calmer la Bête qui pleure dans le grenier. Elle saura reconnaître la forme de ce sacrifice. »
(non signée, datée de 1796)