Le Cri des Cendres

J’ai entendu cent cris.
Tous différents, tous magiques.
Chaque enfant cornu chante à sa manière la venue au monde —
Un sort instinctif, une vibration première, une symphonie d’âme brute.

Je cherche celui que j’appelle le Cri des Cendres,
Le cri qui transforme ce qui naît en ce qui ne devrait pas exister.
Je ne l’ai jamais trouvé. Peut-être n’existe-t-il pas.
Mais à chaque nouvelle naissance, j’espère.

Ce cristal contient le premier que j’ai su capter.
Le plus pur. Le plus ancien. Il vibre encore.
Peut-être n’est-ce pas le Cri des Cendres…
Mais il remplira une corne vide,
S’il est porté avec respect.

Comptes d’Éclats Vifs

Enfants encore sauvables à Londres

Ces noms ont été extraits de registres secrets tenus par Alric sous le nom de « Comptes d’Éclats Vifs ». Ces enfants sont toujours en circulation dans Londres, souvent sous fausse identité ou au service de puissances occultes.

Nom & PrénomÂgeRace supposéeDernier lieu connuÉtat
Ismael Trenwyck12HumainPension de la Loutre Bleue, SouthwarkDétenu comme apprenti « indéfectible »
Sennia Blackridge9Demi-elfeChantier naval d’EelpieExploitée comme « écoutante » dans les cales
Firo Ramhart11RamharrÉgouts de HackneyFugueur, protégé par les rats-guides
Jonah Malk10GnomeEntrepôt 43, LimehouseEmployé par la Guilde des Bouchers d’Esprits
Ellya Marchen7HumaineOrphelinat des Ombres Tissées, SohoConditionnée au silence
Miro & Toma Gresley6Jumeaux TieffelinsCollection du baron H——Présumés « endormis » magiquement

2. Finances occultes et fraudes d’Alric

Alric dirigeait l’Atelier du Chrysoprase, façade de commerce d’objets alchimiques et d’antiquités. Il y faisait transiter des enfants à haute valeur rituelle ou sociale.

Revenus estimés annuels (trafics) :

  • Noblesse (usage ésotérique ou lignée stérile) : 1 200 livres
  • Rituels clandestins (Rose de Minuit, Veilleurs de l’Œil Nu) : 800 livres
  • Industrie (usine, mine, laboratoire) : 400 livres

Fraudes gouvernementales :

  • 60 % des fonds royaux pour orphelins siphonnés via reçus falsifiés
  • Usage d’identités doubles pour les enfants (morts administrativement, vivants en esclavage)
  • Falsification de registres paroissiaux avec la complicité de deux curés

Complicité royale :

  • Le roi, sous le nom codé « Sire des Reflets », ordonnait certaines livraisons, évoquant des offrandes sacrées aux Vieilles Forces de Londres
  • En échange, Alric recevait immunité judiciaire et titres mineurs

3. Lettre d’Alric au Roi (copie interceptée)

Mon Roi,

Le premier cri de mon héritière a traversé les rideaux de soie cette nuit. Elle est vigoureuse, d’une clarté presque anormale, et son front porte la naissance d’un motif — une étoile inversée, formée de tâches pigmentaires.
Comme convenu dans nos serments à la Tour de Sel, je vous cède ce fruit dès qu’elle marchera seule.
Le lien du sang est une chose fragile comparée à l’honneur de servir le Trône. Prenez-la comme gage de ma loyauté éternelle, et si elle résiste, sachez que sa mère a déjà bu l’encre noire.

Puisse son cœur battre au rythme des tambours de Votre volonté.

Votre fidèle serviteur,
Alric Kellthron
Lieur d’Âmes & Régisseur des Nœuds d’Enfants

À Sa Majesté Très Illustre, roi de Londre George le III

Carnet Du Disparue

« 18 octobre 1795 —
Les craquements dans les murs ne sont pas de ce monde. Ils suivent la logique du rythme, non celle du bois. J’ai scellé le grenier, mais la chose murmure encore à travers les plinthes. »

« 5 janvier 1796 —
J’ai enfermé la fiole dans l’autel entre De Umbrae Natura et Les sept souffles de Bannek. Elle ne doit pas tomber entre les mains de la Rose de Minuit. Ils cherchent déjà le “Tiers-lieu”. S’ils le trouvent, la ville perdra sa mémoire. »

« 22 février 1796 —
Le père Cross a menti. Le géant n’est pas mort, il est enraciné sous le marais. Il respire. Et parfois, il rêve. Quand il rêve, je n’entends plus mes propres pensées. »

« 3 avril 1796 —
Les enfants corniques — les Ramharr — semblent le voir. Le plus jeune m’a parlé de la “clé dans l’ombre”, mais je n’ai pas compris. Il m’a touché le front et j’ai vu Londres sans lumière. Ce n’était pas un rêve. »

« Dernière page griffonnée sans date —
Si quelqu’un lit ceci :
Allez au 17, White Hill Road. Trois étages. Derrière la bibliothèque, il y a une trappe que j’ai scellée avec du sel et de l’argent. Dessous, vous trouverez le début.
Pas la fin.
Le début. »

codex : FEX/Δ/014

Feuillet trouvé dans le sac du Docteur Fex

Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprendront pas. Mais moi — MOI — j’ai vu le cœur palpitant du monde s’ouvrir comme une plaie en fleurs.

Le E-13. Merveille rampante. Presque — oh, si presque — parfait ! Ses fibres acceptaient la cadence. La pulsation. Il rêvait déjà avec moi. Mais il manquait l’étincelle… non, le sang d’étincelle. Et ce n’est pas dans les veines des hommes que l’on puise la vérité. Non. Non.

C’est avec le fluide du E-PC que les glyphes ont dansé. La chair a chanté. Le murmure de l’Ancien-Circuit s’est réveillé, doux comme un souvenir gravé dans l’os.

E-14… pauvre coquille fêlée. Le Vecteur de Vie Transmodulée devait l’achever, lui donner forme et raison — mais il n’a fait que hurler sans langue. Les autres VVT se sont déformés, liquéfiés ou ont fui dans les murs. L’un d’eux me regarde encore depuis la tuyauterie. Il attend.

Mais moi, je sais.

C’est le sang cendré.

Il n’a pas été souillé par l’humanité. Il est né entre deux mondes — et c’est de lui que jaillira la recréation.

Le monde est un corps malade. Il tousse des hommes.

Moi, Fex, je ferai fi du poumon. Je soufflerai à travers la cendre.