Le Cri des Cendres

J’ai entendu cent cris.
Tous différents, tous magiques.
Chaque enfant cornu chante à sa manière la venue au monde —
Un sort instinctif, une vibration première, une symphonie d’âme brute.

Je cherche celui que j’appelle le Cri des Cendres,
Le cri qui transforme ce qui naît en ce qui ne devrait pas exister.
Je ne l’ai jamais trouvé. Peut-être n’existe-t-il pas.
Mais à chaque nouvelle naissance, j’espère.

Ce cristal contient le premier que j’ai su capter.
Le plus pur. Le plus ancien. Il vibre encore.
Peut-être n’est-ce pas le Cri des Cendres…
Mais il remplira une corne vide,
S’il est porté avec respect.

codex : FEX/Δ/014

Feuillet trouvé dans le sac du Docteur Fex

Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprendront pas. Mais moi — MOI — j’ai vu le cœur palpitant du monde s’ouvrir comme une plaie en fleurs.

Le E-13. Merveille rampante. Presque — oh, si presque — parfait ! Ses fibres acceptaient la cadence. La pulsation. Il rêvait déjà avec moi. Mais il manquait l’étincelle… non, le sang d’étincelle. Et ce n’est pas dans les veines des hommes que l’on puise la vérité. Non. Non.

C’est avec le fluide du E-PC que les glyphes ont dansé. La chair a chanté. Le murmure de l’Ancien-Circuit s’est réveillé, doux comme un souvenir gravé dans l’os.

E-14… pauvre coquille fêlée. Le Vecteur de Vie Transmodulée devait l’achever, lui donner forme et raison — mais il n’a fait que hurler sans langue. Les autres VVT se sont déformés, liquéfiés ou ont fui dans les murs. L’un d’eux me regarde encore depuis la tuyauterie. Il attend.

Mais moi, je sais.

C’est le sang cendré.

Il n’a pas été souillé par l’humanité. Il est né entre deux mondes — et c’est de lui que jaillira la recréation.

Le monde est un corps malade. Il tousse des hommes.

Moi, Fex, je ferai fi du poumon. Je soufflerai à travers la cendre.